Debriefer, analyser l'expérience du randori, du combat
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- Publié le mardi 5 juin 2018 13:52
Judokas amateurs, compétiteurs ou pas, virtuoses ou pratiquants occasionnels nous passons par l'expérience du randori et / ou du combat...
Ce blog n’est ouvert que depuis 48 heures, mais il suscite déjà pas mal de commentaires intéressants, c’est encourageant. Le but c’est de donner envie aux acteurs du judo d'analyser leur pratique, d’échanger, de se parler. Pour rapprocher et prolonger les réflexions de Yves et de Yann, je dirais qu’après un randori à l’entrainement comme à la suite d’un combat en compétition, le judoka est chargé d’un ensemble d’émotions, d’impressions, de sensations et de pensées. S’agit-il d’un débordement de joie et de satisfaction ? Ou à l’inverse d’une grande frustration ? Ou encore entre ces deux extrêmes, de quelque chose de plus nuancé dont il ne perçoit pas immédiatement toute la signification, mais qui va stimuler son analyse et son questionnement dans les heures et les jours qui suivront ? Ces impressions à l’issue de l’expérience du combat sont en relation (le plus souvent) avec le dilemme gagné / perdu. Et la répétition de l’expérience, sa prolongation avec l’aide du professeur et/ou de l’entraineur, permet de dépasser cette vision binaire et de se demander POURQUOI ?
Pourquoi ça marche ? Pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi je ne fais tomber personne ? Pourquoi je parviens ou pas à utiliser en randori, en compétition les techniques que j’ai apprises à l’entrainement ? Pourquoi untel avec qui je m’entraine régulièrement, s’exprime avec autant de facilité ? Est-ce que lorsque j’observe de grands champions ou de très bon judokas à l’entrainement, je peux identifier des constantes et des principes d’action atour desquels ils s’organisent et ils structurent leur judo, leur manière de combattre ? Ce questionnement à mon avis, rapproche les judokas quel que soit leur niveau de pratique, qu’il s’agisse de randori ou de combat en compétition. Il y a aussi des différences bien entendu et j’y reviendrais (nous y reviendrons, j’en suis sûr)…
Une clé, une condition indispensable de ce rapprochement c’est ce questionnement, l’analyse de ce qu’on a fait pendant le combat, pendant la pratique. Le débriefing de toutes ces (ses) impressions, ces (ses) sensations qui viennent parfois et que l’on rumine longtemps après. Le professeur comme l’entraineur peuvent jouer un rôle très important pour initier l’élève et le jeune athlète à l’analyse de sa pratique. S’il ressort content et satisfait d’un randori ou d’un combat où il ne s’est rien passé, s’il ne se pose aucune question alors que sa manière de pratiquer ne fait pas sens… en tant que prof tu t’inquiètes peut être un peu pour lui et tu peux avoir envie de lui dire quelque chose.
Voilà donc quelques raisons de penser que nous avons aussi besoin de repères, de références, de modèles. Ceux que j’ai qualifiés de virtuoses de la pratique (de randori ou de compétition) dans mon texte précédent, peuvent y contribuer. Ils expriment des principes d’efficacité dans leurs mouvements et à travers leur intelligence de jeu. Ils nous permettent d’identifier ces constantes et nous aident à construire des repères. Dans ma prochaine chronique pour l’Esprit du judo qui sort cette semaine, je vous propose de réfléchir à la structure du combat en racontant l’histoire de l’élaboration d’un petit modèle d’analyse tactique et technique. J’espère que vous m’enverrez vos réflexions sur ce sujet…
Commentaires
Bonjour
Déjà un grand merci pour cette initiative.
Pour venir étoffer le sujet traité, je pense que la chose primordiale et primaire est l'acquisition de la confiance en soi...
Sans développement de ce sens, rien n'est possible. Alors comment faire pour que chaque individu puisse être dans cet état d'esprit même dans la défaite (quelle soit au dojo ou en compétition)... Est-elle liée simplement aux encouragements ou également à la réussite de l'efficacité en combats ?
Quels sont les outils qui vont permettre au judoka de repartir à la conquête de cette dynamique ?
Bonjour à tous, personnellement, j'encourage vivement mes élèves à visionner ce qui marche au plus haut niveau.
Si ces techniques fonctionnent à ce niveau d’opposition, elle devraient aussi fonctionner en randori, non???
Et je pense aussi que les champions font rêver les judokas que nous sommes et que le rêve est le meilleur moteur de l'homme, non???
Pour faire court, mon avis est que le professeur se doit de faire comprendre aux jeunes la bonne façon de faire.... il faut apprendre surtout le pourquoi du comment. Ne pas chercher la victoire ou la défaite dans un randori mais, chercher la victoire du Judo, de ses principes, de ses mécanismes aussi bien technique qu'intellectuel. Compétiteurs ou pas, les élèves doivent comprendre où ils vont, s'interroger sur le bon sens d'une attaque. Privilégié la construction et la recherche des opportunités plutot que l'attente et le contre à outrance. Se faire contrer est finalement le signe que j'essaye et que je suis en recherche. Savoir contrer est bien sur aussi signe d'une intelligence d'opportunité offerte, mais, je ne dois pas l'attendre, juste la saisir lorsque la construction et la recherche de l'autre est trop précipité. En bref, tous ses mécanismes permettent de faire avancer son propore Judo et sa voie.
Au-dela de la qualite de l'entrainement technique et physique, je pense qu'une preparation mentale est indispensable. Pour gagner en competition, il faut le vouloir et le vouloir plus que son adversaire; ne pas avoir peur et s'accrocher jusqu'au bout. Il s'agit donc de developer l'agressivite (tout en demeurant dans le cadre des reglements et du code moral), la pugnacite et la resilience (necessaire pour rebondir en repechage apres une defaite).
Comment le faire sainement chez des enfants, vaste question a laquelle il n'y a pas de reponse universelle. Pour l'engagement, inciter au randori contre plus fort que soi (enfant vs adulte, ceinture de couleur contre ceinture noire) afin que le moins fort ne s'auto limite pas ; pour l'agressivite et la pugnacite, travail d'education a la charge egalement des parents, car il s'agit la de qualities recurrentes dans la vie (scolaire comme professionnelle).