Bienvenue sur le blog de Patrick Roux

Debriefer, analyser l'expérience du randori, du combat

 Judokas amateurs, compétiteurs ou pas, virtuoses ou pratiquants occasionnels nous passons par l'expérience du randori et / ou du combat...

Ce blog n’est ouvert que depuis  48 heures, mais il suscite déjà pas mal de commentaires intéressants, c’est encourageant. Le but c’est de donner envie aux acteurs du judo d'analyser leur pratique, d’échanger, de se parler. Pour rapprocher et prolonger les réflexions de Yves et de Yann, je dirais qu’après un randori à l’entrainement comme à la suite d’un combat en compétition, le judoka est chargé d’un ensemble d’émotions, d’impressions, de sensations et de pensées. S’agit-il d’un débordement de joie et de satisfaction ? Ou à l’inverse d’une grande frustration ? Ou encore entre ces deux extrêmes, de quelque chose de plus nuancé dont il ne perçoit pas immédiatement toute la signification, mais qui va stimuler son analyse et son questionnement dans les heures et les jours qui suivront ? Ces impressions à l’issue de l’expérience du combat sont en relation (le plus souvent) avec le dilemme gagné / perdu. Et la répétition de l’expérience, sa prolongation avec l’aide du professeur et/ou de l’entraineur, permet de dépasser cette vision binaire et de se demander POURQUOI ?

 

Pourquoi ça marche ? Pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi je ne fais tomber personne ? Pourquoi je parviens ou pas à utiliser en randori, en compétition les techniques que j’ai apprises à l’entrainement ? Pourquoi untel avec qui je m’entraine régulièrement, s’exprime avec autant de facilité ? Est-ce que lorsque j’observe de grands champions ou de très bon judokas à l’entrainement, je peux identifier des constantes et des principes d’action atour desquels ils s’organisent et ils structurent leur judo, leur manière de combattre ? Ce questionnement à mon avis, rapproche les judokas quel que soit leur niveau de pratique, qu’il s’agisse de randori ou de combat en compétition. Il y a aussi des différences bien entendu et j’y reviendrais (nous y reviendrons, j’en suis sûr)…

Une clé, une condition indispensable de ce rapprochement c’est ce questionnement, l’analyse de ce qu’on a fait pendant le combat, pendant la pratique. Le débriefing de toutes ces (ses) impressions, ces (ses) sensations qui viennent parfois et que l’on rumine longtemps après. Le professeur comme l’entraineur peuvent jouer un rôle très important pour initier l’élève et le jeune athlète à l’analyse de sa pratique. S’il ressort content et satisfait d’un randori ou d’un combat où il ne s’est rien passé, s’il ne se pose aucune question alors que sa manière de pratiquer ne fait pas sens… en tant que prof tu t’inquiètes peut être un peu pour lui et tu peux avoir envie de lui dire quelque chose.

Voilà donc quelques raisons de penser que nous avons aussi besoin de repères, de références, de modèles. Ceux que j’ai qualifiés de virtuoses de la pratique (de randori ou de compétition)  dans mon texte précédent, peuvent y contribuer. Ils expriment des principes d’efficacité dans leurs mouvements et à travers leur intelligence de jeu. Ils nous permettent d’identifier ces constantes et nous aident à construire des repères. Dans ma prochaine chronique pour l’Esprit du judo qui sort cette semaine, je vous propose de réfléchir à la structure du combat en racontant l’histoire de l’élaboration d’un petit modèle d’analyse tactique et technique. J’espère que vous m’enverrez vos réflexions sur ce sujet…